Expo 2014 ECCE HOMO
Cette œuvre intitulée Habeas Corpus II traite le thème de la défense des Droits de l’Homme, constante de mes préoccupations, fil rouge de ma présence au monde, petite voix qui chaque jour se rappelle au bon souvenir de ma fraternité. L’heure d’une nouvelle expo Défense des Droits de l’Homme est venue. Car la dernière date un peu. Il est temps de libérer certaines sculptures enfermées dans l’atelier, celles qui ne lâchent rien, qui n’ont jamais renoncé à brandir la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme pour dénoncer les oppressions. L'exposition été 2014 aura donc pour thématique générale l'impact des activités des êtres humains sur le devenir de la planète terre.
Une anecdote : je fonctionne comme un écureuil ; c'est-à-dire qu'en prévision des rudesses de l'hiver - et peut-être de l'éternité - j'enterre ici ou là dans la forêt afin de les retrouver en cas de coup dur, des provisions créées par les autres saisons de la vie. Or Dame Nature a tout prévu ; elle a fait de moi, sans me demander mon avis, un semeur d'arbres. Car mes cachettes souvent je ne sais pas les retrouver ; enterré, le gland perdu devient un chêne le printemps suivant. Ainsi, l'autre jour, en prospectant dans la réserve de mon atelier, par hasard je suis tombé sur une sculpture mineure et oubliée. Je l'appelais l'oiseau mazouté ; une souche noire et torturée de laquelle émerge le cou d'un cormoran agonisant. Antoine de Saint-Exupéry est venu me souffler à l'oreille sa célèbre maxime : "Nous n'avons pas hérité de cette terre ; nous l'avons simplement empruntée à nos enfants." Je n'ai pas eu à chercher le titre de cette oeuvre modeste ; il s'est imposé à moi, contenu tout entier dans cette question qui m'effondrait : Qu'avons-nous fait ?
Qu'avons-nous fait à la planète, aux enfants privés d'enfance, aux ouvriers esclaves, aux prisonniers d'opinion, aux abeilles et aux bêtes terrorisées par nos incontrôlables et incommensurables capacités de nuisance ? Qu'avons-nous fait de nous ? Cette sculpture enfermée dans son silence mon inconscient sans doute la cherchait. Elle dit tout. Non pas par son expressivité mais par son abandon. Elle désarme, condamne bien que baissant les yeux. Elle n'implore même pas. Elle est. Postulat. Un simple postulat. C'est à peine si en prêtant l'oreille nous pourrions l'entendre nous demander : Et maintenant, qu'est-ce que vous comptez faire ?
Honteux de mes mille lâchetés, j'ai serré dans mes bras l'oiseau symbole et puis je l'ai porté dehors dans la lumière. En sortant de l'atelier je ne sais pas pourquoi j'ai tourné la tête. Au-dessus de l'évier un vieux morceau de miroir m'a renvoyé mon image qui passait. Un profond soupir m'a échappé. A l'intérieur un accablant constat que toujours j'entendrai : Ecce homo ! Voici l'homme !
Je remercie AMNESTY INTERNATIONAL groupe 159 du Puy-en-Velay d'avoir accepté mon invitation à accompagner mon exposition ETE 2014 intitulée donc ECCE HOMO.
Les articles de mon blog sont illustrés par des morceaux de musique. Je ne considère pas ces illustrations sonores comme secondaires. Mais vous pouvez très bien lire les infos de cet article sans musique.
C'est vous qui décidez.
et toujours le malheur fracassant la porte de l'atelier
piétinant blancs de neige cerises noisettes turquoises lilas
et gorges de pigeon
comme une ombre portée sur le vert espérance
militaire barbouilleur à la rage et au couteau
le mal
dehors
broyeur d'histoire à la sanguine
et sans esquisse de tendresse ni contours de protection
dégradeur au gris de fer et à la rouille
barbouzeur de nature morte
pointilliste au feu et à la pourpre et salisseur d'azur
la dictature
petit frère
en chemise noire et fracassant la porte de ton atelier
où tu restaures sans fin l'ébauche
de la fraternité
au milieu de la rue éventrée
sous la discussion acharnée
des armes automatiques
parmi les détritus
les rats
la lèpre de la peur
la faim
le gel et l'eau croupie
les crevasses sur le futur
la tendresse et les murs écroulés
imperturbablement
au papa et à la maman
deux enfants sourds qui jouent
penchés sur un petit
sursaut d'humanité
voilà bientôt cent ans qu'ils m'ont jeté dans la nuit
pour avoir osé dire non quand il fallait dire oui
le front contre le mur je césure le silence
où défilent des fous rires et des fêtes d'enfance
les mots chantant les horizons
ils m'en ont fait une prison
où je croqueville mes ailes blessées
comme une bête mazoutée sur un rivage déshabité
raconte-moi la mer moi je la vois plus
raconte-moi la vie moi je la sais plus
dehors il y a du soleil
je l'entends fleurir vos dimanches
je sens si fort l'armoire
dans le bleu de vos chemises blanches
les yeux contre le coeur je fracture le silence
et tout à coup je te vois tout contre moi immense
les mots chantant les horizons
ils m'en ont fait une prison
où je croqueville mes ailes blessées
comme une bête mazoutée sur un rivage déshabité
raconte-moi la mer moi je la vois plus
raconte-moi la vie moi je la sais plus
raconte-moi le vent moi je le sens plus
raconte-moi la terre moi je la touche plus
raconte-moi ton coeur moi je l'entends plus
raconte-moi la vie moi je la sais plus
En Champagne, cent ans après l'horreur deux hommes face à face, l'émotion
reconstituée remontant à la surface des trous laissés par les obus. Deux hommes
jadis ennemis et aujourd'hui complices de leurs larges visions sur le pire,
symétriques de leur victoire sur la peur. L'absurdité conforme, les cadavres dans
les arbres, la raison fracassée, le désespoir comme un soleil déshabillé dans un
frisson d'eau froide. Et toute cette verdure qui reste malgré tout d'un vert
Verdun, sa lumineuse transparence fragile de peau d'enfant où affleurent les
hurlements de si nombreux passages en dehors de la vie.
Deux hommes libres s'empoignant les épaules au hasard des maladresses de leurs
mémoires maculées, tranchées mais recousues ce jour parce qu'enfin reconstruite
l'enjambée sur le vide.
Feu d'artifice le fraternel. Sabre au clair, ventre bleu, Champagne !
Pour la dixième fois aussi je plonge dans mon cartable. Une grotte magique qui couve une
merveille : la trousse. Modeste sans doute mais tellement bagage d’armes nouvelles qui me
vont bien. A l’intérieur une jolie petite règle en bois verni, quelques crayons de couleurs, un
porte plume, tous sagement alignés et sanglés, polis, serviables et comme moi déterminés.
L’odeur de cuir neuf de mon cartable me hisse à la grandeur du monde paysan. C’est une
senteur de force calme qui porte en elle le frisson de la peau des chevaux de Montbout, la
ferme de mes grands-parents, une promesse de gestes appropriés au travail de la terre. Une
antichambre de la fierté. Mon père ne s’y trompe pas. Il sent l’outil. Il me conte les ficelles
de la réussite par le courage. Un étrange sentiment s’insinue peu à peu en moi ; un mélange
de lâcheté et de cruauté qui me surprend. J’ai l’impression d’abandonner certains
compagnons de jeu pour d’illustres inconnus. Comme si je lâchais la main du grand-père.
Comme si je savais enfin marcher. Je sens que je viens de franchir une frontière. Je m’extrais
de ma lourde innocence animale. Je suis en marche de représentation.
Il n’y a peut-être pas de pire crime que d’empêcher un enfant de se rendre à l’école.
UN GRAND PAS POUR L'INHUMANITE
Dans l'aube, fragile emblème du discernement,
Le père, le fils, main dans la main et solidaires
De chaque battement de cœur de l'Univers.
Sous leurs yeux des promesses, un calme enchantement
De moissons d'harmonie, de guérets et de champs
De sagesse, de récoltes d'amour aux rizières
De la loi. Sang et sève au chevet de la Terre
A bâtir de l'humain et du recueillement ...
Jusqu'à ce pas de trop sur un restant de guerre,
Les deux jambes broyées du futur et du père,
L'enfant épouvanté, ses yeux fous de terreur
A jamais constellés de pourpres torsions,
Interdit de marelle, d'innocence, de douceur,
De jardins d'oliviers rassasiés de raison.
C'est l'histoire d'un petit mot tremblant.
Un poème barbouillé de mille abnégations,
un message incolore d'ordinaire confié aux contenants de verre agités par les flots,
un brouillon de l'humain sans linge de rechange,
un télégramme froissé.
C'est l'histoire d'un vieillard du haut de ses huit ans.
C'est l'histoire d'un petit frère de poussière dans son enveloppe de glaise et de fatigue,
de misère et de briques à mains nues,
une citadelle où meurent des poupées abandonnées.
C'est l'histoire d'un murmure emmuré comme tant d'autres étoiles effacées de l'humain,
dans une usine à briques aux confins du chagrin.
sur le bord de l'avenir condamné à la poussière
des petits frères
des petites soeurs couleurs fanées à la frange du rêve
des coquilles d'enfance vides
qui gueusent de porte en porte
planètes inaccessibles que leurs yeux sages
sur le bord de l'avenir condamné à la poussière
des besaciers d'à peine dix ans
comme les béquilles d'un ciel irresponsable
Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant (1989) – Extraits choisis
[...]
Article premier
Au sens de la présente Convention, un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable.
Article 2
1. Les Etats parties s’engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou autre de l’enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation.
2. Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour que l’enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions de ses parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa famille.
Article 3
1. Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.
[...]
Article 5
Les Etats parties respectent la responsabilité, le droit et le devoir qu’ont les parents ou, le cas échéant, les membres de la famille élargie ou de la communauté, comme prévu par la coutume locale, les tuteurs ou autres personnes légalement responsables de l’enfant, de donner à celui-ci, d’une manière qui corresponde au développement de ses capacités, l’orientation et les conseils appropriés à l’exercice des droits que lui reconnaît la présente Convention.
Article 6
1. Les Etats parties reconnaissent que tout enfant a un droit inhérent à la vie.
2. Les Etats parties assurent dans toute la mesure possible la survie et le développement de l’enfant.
Article 7
1. L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux.
[...]
Article 9
1. Les Etats parties veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois et procédures applicables, que cette séparation est nécessaire dans l’intérêt supérieur de l’enfant. Une décision en ce sens peut être nécessaire dans certains cas particuliers, par exemple lorsque les parents maltraitent ou négligent l’enfant, ou lorsqu’ils vivent séparément et qu’une décision doit être prise au sujet du lieu de résidence de l’enfant.
[...]
3. Les Etats parties respectent le droit de l’enfant séparé de ses deux parents ou de l’un d’eux d’entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents, sauf si cela est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant.
[...]
Expo été 2014
JARDIN DE SCULPTURES
27 e Essai sur l’Éducation arkose de Blavozy, lave de Bouzentès
Entre vous arkose de Blavozy
La supplique d’Arthrodie arkose de Blavozy, acier rouillé
Le nouveau père acier verni, pierre de Lens
Corps accord III Anstrude, acier
Gynécée 2 e brèche de Polignac, pierre de Lens
Le Tiers - Monde et l’Occident pierre peinte
Habeas Corpus I acier peint
Human rights acier
De Profondis pierres de Lens et de Drom, arkose de Blavozy
Réduction de fracture arkose de Blavozy, acier rouillé
Petit hommage à Camille Claudel granit de Perros-Guirec
2 e étude pour Jocaste granit
Petit hommage à César arkose de Blavozy
Le verseur d’oubli II arkose de Blavozy
Conciliation IV Massangis
Etude pour la dissidence technique mixte dont thuya
Ecce homo ( installation ) technique mixte dont acier
Etude pour Les proscrits II frêne calciné huilé
Le veilleur fayard calciné huilé
De la responsabilité d’être né frêne, acier, verre, cuivre
Les envahisseurs technique mixte dont frêne verni
Épaulement calcaire de Barre des Cévennes
Antinomie robinier teinté ciré
Quoi d’autre ? pierre de Farges, acier, cerisier verni
Confluence acier rouillé
Conciliation III arkose de Blavozy
Je est une demeure ( installation ) technique mixte dont textes de l’auteur
Conciliation II arkose de Blavozy
Le poids des mots lave de Bouzentès, arkose de Blavozy
Hommage aux petites mains du textile ( installation ) technique mixte dont résine
Infusion marbre Buxy ambré
La parole arkose de Blavozy, bronze patiné
Habeas Corpus II acier recuit, bois peint
Petit hommage au film Good morning Vietnam technique mixte dont pierre de Lens
Oothèque acier rouillé
Si tous les gars du monde … ( installation ) acier peint, nylon
Villa de la Dèche ( installation ) technique mixte dont douilles d’obus, sacs de sable, barbelés
GALERIE
Petite illustration pour une chronique des Droits de l’Homme cerisier ciré
La frontière chêne, bronze, sable
Résistance noyer ciré
Etude pour un monument aux Droits de l’Homme bronze patiné 1/8
Sahel chêne, sable
23 ème Essai sur l’Education bronze poli, merisier, terre cuite
Arlequin ou en guise d’autoportrait papier collé armé, résine et texte de la Chronique
d’Amnesty International
Panier de crabes sur un banc acacia, tilleul mort, acier rouillé
Rédemption 1 bronze poli 1/8
Rédemption 2 technique mixte dont chêne
Rédemption 3 béton blanc armé
Le départ de l’émigrant robinier teinté ciré
Carcere duro II robinier, acier, sable
Dynamo technique mixte dont plâtre armé peint
28 ème Essai sur l’Education cèdre verni
Jean Le Quéré dans son jardin bronze poli 2/8
État d’âme frêne et plâtre peints
La première porte technique mixte dont frêne verni
16 e Essai sur l’Éducation plexiglas, acier verni
Insertion III séquoia ciré
Qu’avons-nous fait ? robinier teinté verni
6 ème Essai sur l’Education cyprès et mûrier teintés cirés
Au petit frère que je n’ai pas eu bois peint
VITRINE de la GALERIE
10 e Essai sur l’Éducation bronze poli 1/8
Les mots qui tuent bronze poli 4/8
Les mots qui tuent bronze patiné 3/8
Sybarite bronze poli 2/8
La déclaration bronze patiné 3/8
L’étrave bronze poli 1/8
Céladon et Astrée II bronze patiné 2/8
Odalisque bronze poli 1/8
African Venus Libertina bronze poli 2/8
Pause bronze poli 1/8
L’eau vive bronze patiné 2/8
Osmose bronze patiné 1/8
Vernissage ECCE HOMO, 5 juillet 2014
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