extraits
Les articles de mon blog sont illustrés par des morceaux de musique. Je ne considère pas ces illustrations sonores comme secondaires. Mais vous pouvez très bien lire les infos de cet article sans musique.
C'est vous qui décidez.
" Le poète est sculpteur. Il sculpte son langage.
De là, une langue drue, inventive, qui fait d'un nom un verbe,
d'un adjectif un nom, en leur donnant une force d'impact nouvelle.
Du beau travail d'artisan ! "
Constant Vautravers
" Penser est déjà sculpter."
Joseph Beuys
extrait :
POLAIRE I
les Lofoten
extérieur nuit
tempête de neige sous mes paupières où
je cherche l'hiver de tes yeux
je cherche l'hiver de tes yeux
leur cristal
ce cristal de l'eau des neiges d'avril
je cherche l'hiver de tes yeux
sur la piste des Pôles
tout un voyage immense
en d'infinies blancheurs bleutées
je cherche l'hiver de tes yeux
dans les cris des attelages
et sur l'océan irisé de l'âme des couleurs
je cherche l'hiver de tes yeux
dans l'errance du pinceau
de Sisley à Louveciennes
mon besoin de toi
comme une aveugle chrysalide de pierre
sous mes paupières
les Lofoten
baiser d'hiver lapon
ni eau ni neige ni glace
extrait :
NOVICIAT
apprends-moi à marcher dans ton cri invisible
dans les ruisseaux peureux
qui hésitent sous tes paupières
dans le sage estuaire de ta main
où je peux coucher ma joue quand tu voudras
apprends-moi à marcher
c'est difficile
quand on n'est qu'un arbre noir
dans la foule de ses frères en souffrance
apprends-moi à marcher
dans les obligations du discernement
là-bas dans le courroux assimilé
au-delà des neiges rougies
apprends-moi la résistance à la fusion
les fortifications contre l'osmose
les prénoms de la pierre
où tu aiguises ta carapace
apprends-moi à marcher
lance-moi dans ta vie
de toi à toi
trois petites tentatives d'éternité
prends-moi dans tes turbulences
je n'ai que onze mois
au compteur de ton existence
extrait :
Veillée d'armes
je mourrai demain soir
mais le chêne de mes bras continuera sa course
de forçat
ses levées de chagrin
ses poussées vives en barricades
je mourrai demain soir
exilé
sur la rive opposée au baiser
de l'autre côté des heures infranchissables
je mourrai demain soir
enlacé dans l'idée de ta respiration de papillon
qui me recoud
là
dans mon cou
extrait :
à la frontière de mon enfance
et en robe Pompéi
forteresse à jamais parturiente
tu t'effaces
et l'écharde archaïque
du chaos
ici
je m'accompagne
à te perdre
extrait :
toutes ces volontés d'aube
fracassées là
au granit lourd et vertical
de ta respiration
extrait :
et la force d'aller
encore une fois chercher
le jour
lui faire une toilette de lavande
pour lui présenter
les pans de peine restructurés
les souvenirs disjoints remaçonnés
toutes les minuscules ruptures d'amour
comblées au sable de marchand
tout ça pour mieux cacher
la petite dernière
l'ultime ligne de faille
qui nous rendra si libre
de toute autre
extrait :
chaque matin est dans l'attaque d'un requiem
brut et cru de carrière
et tout le jour
pour la splendeur tragique du mausolée
cette douleur qu'on taille et qu'on respire
extrait :
La guetteuse d'aube
elle
c'était lui
un petit soleil
le mien
une échappée de lumière infatigable
mon orient couronné de courage ouvrier
docile producteur de modestie
diligent papillotage du travail forcé
papillon obéissant aux héroïnes capricieuses
du vent
aux bonds d'humeur des nuages de l'Histoire
souple danseur des sèves des jardins
lui
de ces petits soleils de rien
jusqu'à l'humilité
son bien
elle
ce père la vie
elle c'est lui qui veille sur moi
toutes mes lumières dans la prière de sa robe
et me brûler encore la peine
à sa parole bleue
quand le couchant de ses yeux enferme
le labeur
au coffre des usines
l'écouter en ses mille chemins
porteurs de mes châteaux d'enfant
le revoir traverser ma chair diaphane
de mandarine
qu'il change en sucre
des bouillons de confiture
elle
c'était lui
la flamme de cette bougie
extrait :
sous le pont du Vernet
surpris de voir passer trente ans après
le bateau en papier lancé trente ans plus tôt
chargé de grumes de rêve et d'enfance jusqu'aux yeux
comme si la nuit les fleuves remontaient vers leur source
par l'échelle nostalgique de l'amour
et les contre-cascades du chagrin
extrait :
PROFITS ET PERTES
sur tes doigts-papillons
petit frère
le temps de pouvoir compter
trois allers de chants heureux et de marelles
de sucreries légères et d'amis rassemblés
d'éclats de rire et de festins
et la tempête carnassière de nos crimes aura soufflé
son âme blanche
sous ces climats de toutes les faims
et avant le nombre trente et un
il s'éteint
il s'éteint un petit frère
petit frère
un lendemain un temps prochain du lumineux
un chemin un adieu
qui ne pourra jamais se mettre sur son trente et un
de l'humain
à quoi ils servent les nombres
au-delà de la troisième dizaine
extrait :
MA FILLE
pour Claude Nougaro
petite fée ébouriffée
sortie tout droit d'un dessin animé
flashant pour moi les couleurs du bonheur
sur le tableau tout noir de mon coeur
garde-moi une place dans ton dessin
garde-moi une place dans ton destin
une couleur dans les ors
pour qu'on s'aime toujours encore
ma fille ma bastille ma fille
avec le bout d' ton nez plein d' confiture de groseille
tu peins nos rendez-vous de colliers de soleils
tu es la mémoire de tous mes Noëls
le dis pas à Maman j' t'ai ach'té des caramels
c'est drôle ce mot papa papa papa papa
j' l'écris partout dans mon agenda
toutes tes questions sont autant de guérisons
tu fais rimer bonbon avec révolution
t' es fière là-haut sur mes épaules
tu assures tu m' rassures tu contrôles
tu m' dis Papa fais-moi encore le manège
j'ai un ticket avec toi j' le f'rai d'main mon solfège
tu sens si bon peluche et savon
moi c'est quand tu m'embrasses que j' me sens bon
mais dans tes yeux déjà des chagrins des espoirs
la peur de l'ombre des démons de l'Histoire
reliure Marie Bertrand
extrait :
LE TAILLEUR D'EMPIRE
à Dany
Tu te souviens, Papa, tu taillais mes crayons,
Mes crayons de couleurs dans leur boîte de fer !
Ce moment maintenant, sans fin je le vénère,
C'est si loin quand j'étais ton tout petit garçon !
Tu sortais ton couteau, son beau manche en laiton
Où des chasseurs charmaient tout mon imaginaire,
Et dans ton coeur adroit de tailleur et de père,
Tu sculptais mon futur en plus de mes crayons.
Tu me disais de bien travailler à l'école,
Moi je fixais tes mains et buvais tes paroles.
Les crayons retrouvaient leur mine et leur sourire
Sous tes gestes précis, dominés et sereins.
Je comprends aujourd'hui, tu taillais un empire
Où je suis devenu un sculpteur de chagrin.
Le tailleur d'empire par michellequere
extrait :
chaque matin
dans la fournaise du chagrin
je me redresse sous les coups
de la mélancolie
la dentelle du courage à recoudre
je m'acharne
je ne cède
je retourne sans fin sur mon métier
qui est de te nourrir
des lieux fidèles de notre mémoire
agenouillée
extrait :
Mais le grand-père n'avait pas que des problèmes d'eau. C'était une fin de pergnière. Dans ce moment de flottement où les choses attendent l'autorisation de reprendre une activité normale. Le calme, hagard encore, restait maître mais s'étirait en semblant surveiller quelque chose. Qu'avais-je perçu ? Un indéfinissable malaise retenait ma respiration. C'est cet instant-là qu'il choisit pour rentrer. L'attelage venant de la côte rasa la bouchure du champ de la vigne, au pas, comme pour éviter de se faire remarquer et s'engagea dans le champ des paillers. Tu parles que la grand-mère ne l'avait ni vu ni entendu ! Depuis midi que son inquiétude ne la tenait plus en place, échafaudant le pire, épiant par l'oeil de boeuf du souillard, tendant l'oreille au loin vers Chadet. Elle craignait, à juste titre, les retours de son homme de la foire de Saulzais.
extrait :
sucres d'orge et d'enfance,
mes petits, mes lointains,
mes remèdes, mes sucreries,
mes lumineux,
mes diamants d'ombre,
pendez-vous à mon cou
afin que je puisse vous cacher
mon chagrin !
extrait :
Un jour ma mère entra dans la rivière. Jusqu'à la taille. S'opposant au courant qu'elle fendit comme la verte colère d'un torrent venu à sa rencontre. La rivière n'emporta pas Maman, mais pendant quelques instants, j'eus le sentiment d'un combat entre deux souveraines, d'une lutte de haute mer, d'une empoignade entre les muscles lourds qui courent sous la peau des chevaux, d'un silence noir et torturé, d'une soudure, d'une complicité.
extrait :
J’ai maintenant des devoirs. Je m’installe pour ce faire à la frontière de la soupe de légumes. Tout en épluchant poireaux, pommes de terre et navets, la Colette me jette parfois un drôle de regard interrogateur. Elle ne dit rien car elle sait que je m’applique, que je fais partie des meilleurs élèves de ma classe et que j’aime l’école. Je sais ce qu’elle pense et elle sait que je le sais. Elle se doute bien que je ne vais pas me mettre là sous ses yeux à recopier cent fois mon poème préféré sur des petits morceaux de papier. N’empêche que c’est à ça qu’elle pense. Moi je suis plongé dans le cours d’orthographe de Monsieur et Madame Bled. Je mets les points d’exclamation comme il convient et les points d’interrogation s’il y a lieu ; j’accorde les adjectifs … Je donne des compléments de nourriture à mon savoir. Sur mon cahier de brouillon et au crayon de papier car encre et porte-plume sont réservés à la classe.
Le saule de Mézenchon
légende en pays de Mézenc
ouvrage bilingue Français-Occitan
traduction en Occitan Hervé Quesnel
Editions du Roure
extrait :
La montagne leur éclaircit l’âme, pousse l’inutile hors de leurs pensées. La
lumière devient
irréelle quand ils décident d’interrompre leur randonnée. Ni nuit, ni jour. Il fait
ivoire liquide
dans le vent qui se lève. Le paysage alentour se noie dans une atmosphère lactée
surnaturelle.
Amelin et Ameline éprouvent un étrange pressentiment.
Une légende est un récit à caractère merveilleux transformé par l’invention poétique. Or la tradition, les us et les coutumes veulent qu’une telle représentation embellie de la vie remonte à des temps immémoriaux ; appartienne forcément à un pays, à son histoire et à ses habitants. Michel Le Quéré a voulu revisiter cette vision en inventant de toutes pièces Le saule de Mézenchon. Et toujours en tentant de faire œuvre littéraire. Mais c’est peut-être Hervé Quesnel, par sa traduction en Occitan, qui enracine véritablement en Velay Le saule de Mézenchon.
Corps Accord, architectures du chaos
Editions AEDAM MUSICAE
extrait :
Comme si et toujours vives en moi les traces
des toutes premières musiques du monde, les
empreintes du vivant comme celles plus âpres des
palpitations telluriques, les brisées des chevauchées
du vent et les voies de la course de l’eau, les livrées
des chants d’oiseaux et les ombres des plaintes des
premiers hommes. Comme si toute musique me troublant
me prenait par la main afin de me guider sur la
sente obscure des origines. Comme si toute musique
me bouleversant précédait une langue, un sens caché
à déchiffrer…
La Tuilerie de Meaulne
Editions La Bouinotte
extrait :
Notre maison d'habitation et son jardin semblent à chaque instant
pouvoir être dévorés par l'usine. Ils forment une enclave dont le seul accès à
la mer, au voyage, à l'ailleurs est cette route nationale 144 qui écrase les enfants.
Il me semble me souvenir que ça ne me disait rien
d'échanger la jolie chaumière du Vernet contre cette écharde prisonnière
d'une congestion de tas de briques. Notre chat noir Farouk a dû à
l'époque, en cet automne 58, ressentir la même aversion que moi pour cette tuilerie,
ce chambardement, ce nouvel exil. Contrairement à moi
il aura lui le courage de ses opinions et ne tardera pas, malgré promesses,
caresses et menaces, à redescendre dans son fief, à rejoindre sa base,
la maison du Vernet dont les nouveaux occupants se félicitèrent,
paraît-il, de sa présence.
extrait :
Tendresse du soir
un troupeau paisible rentre
brebis ou remords ?
Entre ici Octobre
le ciel verse son chagrin
conte-moi le mien
Qui sont ces oiseaux
dans l'arbre du souvenir ?
des migrants sans doute
Lignes de mouvement
J'écris dans six directions :
la poésie classique et plus particulièrement le sonnet ( Le sansonnet, inédit )
la poésie engagée au service de la fraternité ( Sanguines, Passage obligé, Hermanito )
la poésie en vers libres pour coller au plus près de l'enfoui, de l'enfui et des émotions
( L'hiver est un pont sans issue, Demeures demeurent ... )
les petits poèmes en prose qui sont plutôt des impressions que des récits
( Portée ou l'alliance des sources )
les haïkus ( Dialogue dans le pas des saisons )
le récit romancé
J'ai entrepris en 2005, sous le nom de plume de Louis Le Calvez, la rédaction de mes souvenirs d'enfance.
Le premier tome, intitulé Les Terres de Montbout, parut en novembre 2011,
le deuxième, La Maison du Vernet, en avril 2014, et le troisième, La Tuilerie de Meaulne, en avril 2018.
Tous les trois publiés par les Editions La Bouinotte de Châteauroux.
( En berrichon, la bouinotte est une petite fenêtre d'écurie. )
une page du manuscrit du 3 ème Tome des Souvenirs d'Enfance
" Puis aller jusqu'à l'extrême de la peur. Jusqu'à l'extrême de l'angoisse. Jusqu'à l'extrême de la culpabilité. Jusqu'à l'extrême de la haine de soi. Jusqu'à l'extrême de la détresse... Et chaque fois, parvenu en un point ultime, garder les yeux ouverts et, du sein du magma, observer, enregistrer, acquérir progressivement une juste connaissance de tout ce qui te constitue. "
Charles Juliet
Et la parole ?
J'aime beaucoup lire mes textes. Le Carré 30 me manque. Ce lieu culturel de Lyon accueille chaque mois un café poésie et sa scène ouverte à qui veut dire ou lire les poèmes de son choix. Ce qui est le principe même du slam à la mode aujourd'hui, c'est-à-dire un échange avec un public dont on fait soi-même partie.
Alors je cherche des bibliothèques, des librairies, des médiathèques, des printemps ou des festivals organisant des lectures, des soirées Poésie qui accepteraient de m'écouter un instant ou un peu plus. Ma fille Margot joue du violon. J'aime que sa musique accompagne certaines de mes lectures.
Veillée poétique du 12 juin 2002
Maison Cazin, Village médiéval de Pérouges ( Ain )
Jade Vuaillat, lectures
Anne-Cécile Le Quéré-Pernin, clavier
Margot Le Quéré-Pernin, violon
Michel Le Quéré, lectures, chant, guitare
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