Michel Le Quéré

Michel Le Quéré

printemps des poètes 2013

 

 

 

 

Les articles de mon blog sont illustrés par des morceaux de musique. Je ne considère pas ces illustrations sonores  comme secondaires. Mais vous pouvez très bien lire les infos de cet article sans musique.

C'est vous qui décidez.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma participation au Festival Terroir en rimes 2013 du pays de CAYRES-PRADELLES :

 

 

 

1/ POESIE A L'ECOLE

 

2/ LECTURE MUSICALE SPECTACLE DE CLOTURE  ( voir dans l'article Lectures musicales de la catégorie Lecture )

 

 

 


1/ POESIE A L'ECOLE

 

      J'ai proposé à la Communauté de Communes du Pays de Cayres-Pradelles ( ccpcp ) et par l'intermédiaire de l'animatrice Céline Garcia, d'intervenir dans des classes primaires du territoire : CE1, CE2, CM1 et CM2.

Pour éprouver le bonheur de rencontrer à nouveau des élèves et des enseignants, pour leur proposer ma vision de la Poésie, pour m'inscrire cette année encore dans la grande fraternité des passeurs de poèmes et pour, en toute modestie, donner un petit coup de main à des professeurs  toujours prêts à ouvrir l'Ecole sur le monde.

Pour une intervention d'une heure trente qui me verra le plus possible interrompre mon exposé afin de questionner les enfants, de les inviter à s'interroger et à s'exprimer et dont voici les grandes lignes :

 

 


A/ L'état d'esprit "Poésie"

 

 

a.  On ne peut aimer la Poésie que si on aime être étonné

 

Par exemple moi je suis entré en Poésie grâce à Nuit de neige de Guy de Maupassant dont voici un extrait :

 

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.

Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.

Mais on entend parfois, comme une morne plainte,

Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

 

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.

L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;

Des arbres dépouillés dressent à l'horizon

Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.   ... / ...

 

Oh ! La terrible nuit pour les petits oiseaux !

Un vent glacé frissonne et court par les allées ;

Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,

Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

 

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas

Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;

De leur oeil inquiet ils regardent la neige,

Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

 

Quand j'étais tout gosse ma grand-mère était fière de me réciter cette poésie que son instituteur lui avait fait apprendre. Elle s'en souvenait fort bien. Ensuite je l'ai apprise à mon tour quand je suis allé à l'école. La magie a opéré longtemps, longtemps car je ne comprenais pas le dernier vers. Par quelle sorte de mystère était-il possible que la nuit ne vînt pas ? Je me suis complu dans ce trouble aussi délicieux qu'un conte de fée et c'est quelque part très douloureux d'être redescendu sur terre, de ne plus habiter son âme d'enfant, d'avoir compris que cette nuit de  neige ne pouvait pas vraiment venir parce que ...

 

 

b/  " La Poésie c'est ce qu'on n'attend pas "

 

Si je dis le ciel est bleu, les oiseaux chantent, je ne vais réveiller personne, je ne vais passionner personne. Par contre si je dis que les oiseaux attendent jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas, là j'étonne. La personne qui m'écoute trouve tout à coup que la vie peut avoir une saveur merveilleuse parce qu'étonnante.

Le poète est donc un passionné de l'étrange. Je vous lirai tout à l'heure un long poème qui est en même temps une histoire. Je reviendrai ensuite sur les passages, sur les mots et les images qui ont fait naître en moi un véritable émerveillement.

 

 

c/  Un poème est le compte rendu d'une expédition

 

La Poésie c'est l'aventure. Quand on commence à écrire on ne sait pas très bien où on va. Donc on ne réussit pas à tous les coups. Tous ensemble, nous essaierons tout à l'heure d'écrire nous aussi une poésie. Mais on ne peut pas dire avant ce qu'elle sera.

 

 

d/  Qu'est-ce qu'un poème ?

 

C'est parfois une comptine, un récit, des paroles de tous les jours, un conte, une histoire, une fable, un sonnet comme Le tailleur d'empire. C'est parfois cela mais ce peut être tout autre chose. Je reviens à ce que je disais tout à l'heure : un poème est un poème quand il comporte des mots inattendus.

 

 

e/  Est-ce que la Poésie sert à quelque chose ?

 

Elle parle, comme la vie, des choses importantes et graves. Mais autrement. Elle parle des joies, des peines, des peurs, des étonnements. Mais autrement. Surtout elle prend son temps, elle hésite, elle est inquiète, elle pose des questions. Elle ne dit pas Faut faire comme ça !

 

 

f/  La Poésie sert à penser par soi-même

 

Tout le contraire de la fureur de la télé, du portable et des jeux vidéo. Dans mon lit, le soir, tout seul dans le noir, je parle à la petite voix qui se promène dans ma tête. Je lui raconte les choses importantes de ma vie. A ce moment-là je m'approche de la Poésie.

Alors, la Poésie ne sert à rien ? Elle n'est pas sérieuse ? C'est tout le contraire.

 

 

g/  Un exemple de mon travail en poésie : La déprise

 

Il y a quelques années, ma maman malade et très âgée est entrée à l'hôpital pour sa fin de vie. Je suis moi entré dans la tristesse et j'ai beaucoup repensé à mon enfance. J'habite à Arsac-en-Velay, un village qui se trouve à douze kilomètres au sud du Puy. Dans ce village il y a un hameau, Bouzols, qui possède un château fort qu'on appelle donc le château de Bouzols. Ce château est construit en basalte principalement, une pierre noire très dure qu'on trouve partout dans notre région le Velay. Il est très beau mais sombre, triste, sévère et inaccessible derrière ses hautes murailles qui le protègent. Un jour, tout à coup, en le regardant j'ai pensé que ce château était le gisant de ma mère. Un gisant est une sculpture en pierre représentant une personne allongée sur son lit de mort. On en voit parfois dans certaines cathédrales. Cette idée ne m'a plus quitté et j'ai commencé à écrire le poème de ce livre, La déprise, dans lequel je m'adresse à ma mère. Je lui raconte mon enfance, nos échanges et nos liens.  Parce que j'ai l'impression que nous n'avons jamais  très bien su nous parler. J'ai écrit ce texte en écoutant de la musique ; le morceau de musique que je trouve le plus triste du monde : l'Adagio pour cordes du compositeur américain Samuel Barber. Cela s'est imposé à moi car j'écris en principe toujours dans le plus grand silence. J'ai complété ce travail passionnant qui me berçait, me rassurait, me consolait en illustrant le poème par des photographies du château de Bouzols sous la neige, comme si c'était la fin de vie de la terre.

 

 

 

 

dans l'étonnement des sommets accéder au moins à la première enceinte

de ta tendresse

par le silence de tes mâchicoulis reconstruire l'espace

des premières marelles

...

 

 

 

h/  Lire et dire de la Poésie

 

J'aime beaucoup lire mes textes. Les murmurer, les dire, les déclamer, les slamer, les chanter, les crier, les pleurer. Sans savoir à l'avance quelle émotion s'imposera dans ma voix. Le bonheur ou le chagrin, la tendresse ou la mélancolie, le désespoir ou bien une délicieuse nostalgie. Je vais vous lire mon sonnet  Le tailleur d'empire. Ensuite vous me direz le nom du sentiment que ma lecture a voulu colorier. Et puis ce sera à votre tour de lire, de dire de la poésie, de décider de l'émotion qui  irait bien dans votre voix pour elle ; comme on choisit un beau corsage ou une chemise pour un dimanche ... 

 

 

 

 

 

 

 


B/  Des oranges pour ma mère  ( de David Dumortier chez CHEYNE éditeur )

 

Je vais vous lire maintenant un long poème de David Dumortier qui s'intitule Des oranges pour ma mère et qui est en même temps un peu une histoire. Nous reviendrons ensuite sur les images dans lesquelles la Poésie est venue faire son nid. Pour la toucher du bout des doigts, bien la sentir et la ranger comme un trésor dans un coin de notre tête.

Revoir ainsi les pages 13, 15, 19, 25, 41, 42 et 43.

 

 


C/  Petit prélude à un atelier d'écriture

 

J'ai été longtemps maître d'école. Mes élèves étaient de jeunes enfants qui avaient beaucoup de difficultés pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Chaque samedi matin nous écrivions tous ensemble une poésie. Cette aventure nous laissait parfois un peu sur notre faim mais nous sommes également parvenus je crois, et à plusieurs reprises, à inventer de jolies poésies dont nous étions très fiers. D'ailleurs je vais vous en lire quelques unes pour vous montrer que vous serez tout à l'heure capables d'en faire autant.

Un exemple,  Les soucis  ( petite chanson pour Muriel ) que nous aimions beaucoup chanter à nos correspondants.

 

La nuit les vagues font comme le loup

Hou !

La nuit les vagues font comme le loup

J'ai peur j'entends des cris partout

 

Toi mon amie du bord de mer

Ramasse-moi des étoiles de père

Veux-tu partager mes soucis

A deux c'est bien moins lourd la vie

 

La nuit les vagues font comme le loup

Hou !

La nuit les vagues font comme le loup

J'ai peur j'entends des cris partout

 

Nous ne dirons plus Montluel

Ni non plus La Seyne sur Mer

Mais Mont sur Mer La Seyne Luel

 

La nuit les vagues font comme le loup

Hou !

La nuit les vagues font comme le loup

J'ai peur j'entends des cris partout

 

ou encore Devinette qui deviendra également une chanson

 

Ma maison est une petite poche

Une toute petite maison

Ma maison est une petite poche

Et dedans il fait tout noir

 

Elle est ronde comme une pomme

Une pomme qui se promène

Elle est ronde comme une pomme

Moi je suis son gros pépin

 

Ma maison est une petite poche

Une toute petite maison

Ma maison est une petite poche

Et dedans il fait tout noir

 

Mais bientôt j'en sortirai

Car il n'y a plus de place

Mais bientôt j'en sortirai

Car j'ai envie d'être aimé

 

Ma maison est une petite poche

Une toute petite maison

Ma maison est une petite poche

Et dedans il fait tout noir

 

Et puis des fois nous avions envie de faire tout autrement, de nous lancer des mots tout ronds comme des ballons. Voici Sale temps

 

pourri ce temps

dehors tout mou

la boue gaboue

 

tout moche ce temps

gabouille mouillé

rouillé trempé

 

marre de ce temps

ciel gris tout gris

soleil parti

 

Poésies extraites des journaux scolaires

La Fidoulette, Gugusse se déguise et Carotte,

Années scolaires 1982-1983 et 1983-1984,

Classe 1B, Centre de Rééducation, Montluel, Ain.

 

 

 

 


D/  ATELIER D'ECRITURE

 

 Ma vision de l'atelier d'écriture collectif pour des élèves de CE1, CE2, CM1 et CM2 :

 

Cet atelier de pédagogie ludique vise d'une manière générale à réconcilier travail et plaisir.

Il s'agit d'une médiation pour aider les enfants à s'exprimer, à mettre en forme des idées.

Dans le domaine de la Poésie il y aura à travailler plus particulièrement l'étonnement.

Il s'agit d'amener chacun à découvrir et à utiliser ses compétences afin d'aboutir à la fierté d'un produit collectif fini présentable à diverses communautés : école, parents, quartier, village ...

Il s'agit de partager, d'échanger. L'élève est soutenu par un travail d'équipe. Toute critique sera constructive. Chacun pourra contribuer sans craindre un jugement négatif.

L'atelier d'écriture collectif est un espace de liberté à l'intérieur d'un groupe protecteur moteur et valorisant mais également une porte d'entrée dans la lecture littéraire.

 

***

Je suis donc intervenu dans deux classes du Pays de Cayres-Pradelles en tant qu'animateur. Dans les deux cas  j'ai proposé que le groupe ainsi formé se lance sur la piste des voix qui sont universellement chères à tout être humain.

La classe de Laurent Jamond,  Le balcon de l'Allier  ( CE1, CE2, CM1, CM2 ) Ecole Publique de Pradelles, Haute-Loire, a choisi, le lundi 11 mars 2013, d'évoquer la voix maternelle. Les enfants sont très vite entrés dans un échange riche et complice que j'ai essayé d'accompagner, de fortifier, d'encourager. Je suis heureux de dévoiler ici et à chacun notre poésie à deux voix, produit du beau travail appliqué de notre groupe :

 

 

Ma maman me disait

 

Mon chéri mon poussin

Mon trésor mon lapin

Si tu savais comme je t'aimais

Ma voix douce t'endormait

Me répétait coeur adoré coeur adoré

 

Et moi je ressentais que tu me protégeais

Que tu me rassurais que tu me soulageais

Et puis surtout ça m'apaisait

Cela me rendait très gai

Et j'en redemandais

Encore encore encore encore

 

            Le balcon de l'Allier

 

 

 

La classe d'Isabelle Beaufils ( CE1, CE2, CM1, CM2 ) Ecole Publique du Bouchet Saint Nicolas, Haute-Loire, a choisi elle, le mardi 12 mars 2013, d'évoquer la voix d'un grand-père. Là encore c'est une poésie à deux voix qui a peu à peu été construite, par un groupe motivé dans lequel chaque enfant a pu librement choisir sa place, en avant dans la lumière ou un peu plus en retrait. Je suis heureux d'avoir senti que le produit de notre travail collectif semblait apporter à un bon nombre d'enfants un brin supplémentaire de confiance en soi. Voici Grand-père et moi :

 

 

Grand-père et moi

 

Chaleureusement Coucou !

Tu m'accueillais élégamment

Tu as perdu ton visage d'avant

Tu revois ton enfance

Tu racontes ta jeunesse

Tes yeux brillent et ta voix

C'est joli à entendre

 

Tes paroles illuminent mon coeur

Je me vois devenir vieux

Mais quand ta main est dans ma main

C'est ma jeunesse qui revient

 

            La classe d'Isabelle

 

 

 

Ces ateliers d'écriture ont été suivis par des ateliers Mise en voix animés par la comédienne et violoniste du Bouchet Saint Nicolas Friederike Lüers.

 

 

 

Isabelle Beaufils et ses élèves rédigent un journal scolaire qu'ils ont intitulé La burle.

Qu'ils soient vivement remerciés de m'en avoir envoyé un exemplaire.

J'adresse à tous mes félicitations et mes meilleures pensées.

Voici donc quelques extraits du numéro 1 de La burle :

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

 

 Remerciements à

 

Friederike Lüers, Céline Garcia, Marion Decultis et la Communauté de Communes du Pays de Cayres-Pradelles, Les Amis du Livre de la Bibliothèque de Landos, Laurent Jamond et ses élèves, Isabelle Beaufils et ses élèves, Guy de Maupassant, David Dumortier, Jean-Pierre Siméon et le Printemps des poètes, Cheyne éditeur, mes anciens élèves du Centre de Rééducation de Montluel dans l'Ain, Samuel Barber, LeVialaEditions, L'Eveil de la Haute-Loire, Rémy Brunel maire de Rauret ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 



12/03/2013
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